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    Que cette nouvelle année vous apporte la réussite dans tout ce que vous entreprenez,

     

    Que les difficultés de cette année nouvelle vous soient toutes épargnées,

     

    Que le bonheur soit au rendez-vous dans vos cœurs et dans ceux de vos proches,

     

    En un mot, nous vous souhaitons une très BONNE ANNEE 2013

     

     

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    Theniet el had ,une ville de reve qui vous ouvre ses portes à 180Km d'alger ,toujours fière de sa majestueuse foret des cedres,cette ville espere un avenir meilleur parceque tout le monde est convaincu qu'elle ne pourait etre qu'une zone hautement touristique...
    Les vacances dans cette region ont toujours été synonyme de vie au grand air,de vastes horizons de calme et de retour aux origines loin de tout entassement qu'on trouve sur les plages.Un milieu serein ou l'air pur esta profusion est a profusion et bien plusde "coins tranquilles" que de promeneurs. A l'evidence,le "paradis des cedres "est fait pouretre parcouru .N'hesitez pas a venir pour decouvrir ses paysages splendides et apprecier la diversité de ses sites.La meilleure façon de pratiquer le retour a la nature est sans doute de proceder au camping et il est preferable de camperdans les lieux dits " AIN HARHAR " et " TIRSOUT" où l'eau est en abondance ...Et si l'aventureet le plein air vous tentent prenez de l'altitude en escaladant les sommets du "KEFF SIGA ,faite une escale "OURTENE" , admirez le coucher de solei a partir de "RAS EL BRARIT" à 1786m d'altitude ,passez une nuit a la belle etoile à DJADJ EL MA " .....Là vous aurez la chance de voir un troupeau de sangliers,un renard en fuite......Frissonnez a l'ecoute de cette musique faunico-vegetale mélée au hurlement des loups et au croissementdes grenouilles...Reveillez vous le matin par les chants d'oiseaux et les douces caresses des rayon du beau coucher de soleil,buvez de cette eau ferugineusequi a des bienfaits sur le mal des hauteurs.....Inspirez l'air pur et sentez cece parfum succulent qui vous rechauffe le coeur ,ce sont les brises du paradis qu'exhale EL MEDDAD , la foret des cedres....Il vous suffit de gouter a son eau pourquele compte a rebours de votre age demarre vers le rajeunissement et le dynamisme ......Vous regretterez la fin des vacances et vous vous preparerez à revenir en hiver parceque vous etes encore plus curieux d'ensavoirplus....Soyez sùr que le paradis des cedres,vousattendra avec sa robe blanche et l'aventure sera encore plus fantastique....Mais cela ne va pas vous suffir et la nostalgie vous feras encore souffrur d'aimer Theniet el had au point de vouloir y mourir et la vous deciderez d'y vivre toute une eternité car vous etes envoutés par ses paysages paradisiaques et deja sa resine coule dans vos veines....Vous vous installerez a la ville des cedres.....Car l'histoire de chaque habitant de theniet el had a commencé par une simple aventure comme la votre... Alors soyez nombreux investir dans cette region ..

    ahmed B TENIET EL HAAD 1994 

     

     

     

     

     


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  • MOHAMED RAHANE DIT « DHIB », L’ENFANT DE BENI FEN

    :

     C’était une fin d’après midi du mois de Mai 1958. Il est dix-huit

     

    heures trente. Les hirondelles survolent en rase mottes le boulevard

     

    de Taza et leurs crissements aigus annoncent le début d’un

     

    heureux printemps pour les uns et la fin de celui du fidaï Rahane,

     

    celui qui n’allait pas tarder à entrer par la grande porte des martyrs

     

    pour rejoindre ceux qui ont choisi le sacrifice suprême pour

     

    que vive l’Algérie libre et indépendante. Cette journée commença

     

    très tôt le matin et a découvert deux jeunes hommes enthousiasmés

     

    par la vengeance longtemps ruminée.

     

    Les jeunes hommes, rasés de prés, étaient adossés au mur, à l’entrée

     

    du village nègre où Mohamed habitait avec ses vieux parents,

     

    ses frères et soeurs. Il est habillé avec recherche. Les cheveux

     

    gominés, comme c’était la mode, lui sied avec une tenue

     

    simple de la saison. Le jeune homme porte un pantalon d’un joli

     

    bleu nuit que faisait assortir une chemise à manches longues d’un

     

    blanc immaculé. Le passe de la ceinture du pantalon est agrémenté

     

    d’un joli porte clés représentant une bouteille de limonade

     

    « Spips ». Ses vêtements sont usés mais propres. Mohamed Rahane

     

    dit « Edhib », c’était le nom du jeune homme, est employé

     

    serveur chez Mohamed Tounssi (marchand de beignets). Il a été

     

    auparavant garçon à tout faire au café-bar Polo avec son frère

     

    Said. L’établissement était connu aussi sous l’appellation café-bar

     

    Marty. Ce lundi est son jour de congé et il semble attendre quelqu’un.

     

    Mohamed s’efforce d’être serein et désintéressé. En vérité,

     

    il éprouve une certaine anxiété. Il sait qu’il ne va pas attirer l’attention

     

    des militaires qui vont bientôt passer par le boulevard dans

     

    leur half-track. Ils connaissent Mohamed mais ils s’entêtent toujours

     

    à l’apostropher sous l’appellation qui l’a toujours révolté :

     

    Bougnoule. Ce lundi, Mohamed va leur réserver une cinglante

     

    réponse. Ce jour ne ressemble pas aux autres Lundis. C’est un jour

     

    exceptionnel qui va faire de lui un héros. Il va le booster parmi

     

    ceux qui ont dit non à la dictature, à l’avilissement, au déshonneur.

     

    Ce dernier mot lui fait horreur et réveille en lui un souvenir

     

    qui ne s’éteindra jamais. C’était le jour où, lors d’une perquisition

     

    chez eux, un harki eut un comportement qui ne prêtât à aucune

     

    équivoque à l’égard de sa vieille mère. Voulant s’interposer, Mohamed

     

    reçut une volée de coups de crosse et de rangers. A partir de

     

    ce jour, il ne vivait que dans le rêve de prendre les armes contre

     

    ceux qui ont attenté à l’honneur des siens.

     

    En fait, cela faisait longtemps que Mohamed prit conscience de la

     

    réalité nationale. A partir de ce jour, il s’était démené comme un

     

    diable pour entrer en contacte avec le maquis. Mais comment

     

    faire ? Comment percer le secret ? On n’entre pas en contact avec

     

    les moudjahidine comme on entre dans un moulin.Et un beau

     

    jour l’occasion s’était présentée à travers son voisin Larbi habitant

     

    en contrebas du mausolée de Sidi Abdelkader. Larbi avait un de

     

    ses oncles au maquis. Leur maison était un refuge qui recevait

     

    presque régulièrement la visite demaquisards.

     

    Quelques jours après avoir mis dans la confidence son voisin, Mohamed

     

    fut reçu par l’oncle de ce dernier qui s’avérait être le responsable

     

    militaire d’un secteur de la Région.

     

    -« Tu seras le bienvenu parmi nous mais pour cela tu dois t’acquitter

     

    du tribut de la témérité et nous prouver ton courage en procédant

     

    à un attentat en ville » lui disait le vieuxmaquisard.

     

    Il lui apprit le maniement des grenades, et lui laissa le soin d’arrêter

     

    lui-même le déroulement, le lieu et sa retraite vers les monts de

     

    Ghilès.

     

    Durant plusieurs jours, Mohamed « Edhib » vivait renfermé sur luimême,

     

    secret, taciturne. Les ordres du responsable ALN étaient

     

    stricts. Il ne devait mettre personne au courant de son intention de

     

    rejoindre le maquis, encore moins le projet d’attentat. Même pas

     

    sa mère qui ne devait en aucun cas être mise dans la

     

    confidence. L’instinct maternel pouvait faire échouer

     

    non seulement l’opération, mais mettrait en péril l’organisation

     

    OCFLN du village nègre.

     

    Mohamed avait un ami intime, Abdelkader Tabouni, qui,

     

    lui aussi, était candidat au maquis. Il devait le seconder

     

    dans cette téméraire opération.

     

    « Edhib » avait alors le choix entre l’attentat au café Marty

     

    ou l’half-track de patrouille. Il aurait voulu ardemment

     

    le premier lieu puisqu’il le connaît dans ses moindres

     

    recoins et connaît les habitudes des consommateurs,

     

    surtout militaires. Une grenade défensive dans une salle

     

    bondée de militaires un samedi était le rêve de Mohamed.

     

    Mais leur repli vers le village nègre sera impossible

     

    à cause de la herse de barbelés qui bloque la rue du

     

    guetto indigène.

     

    Il opta alors pour l’alf-trak qui faisait régulièrement ses

     

    rondes à travers les rues de la ville. Mohamed et Abdelkader

     

    arrêtèrent un jour : le lundi et leur repli : le village

     

    nègre et de là vers lesmonts Ghilès.

     

    En cette fin de matinée de lundi, « Edhib » était dans la

     

    fiévreuse attente d’un inconnu qui devait, dans un moment,

     

    l’accoster car l’heure du rendez-vous a été dépassée

     

    de plusieurs minutes. Le véhicule militaire allait passer

     

    entre dix huit-heures et dix-neuf heures. Le jeune

     

    homme commençait visiblement à s’impatienter et à être

     

    envahi par une certaine appréhension. Dans sa tête se

     

    télescopaient plusieurs questions.

     

    « La mission a-t-elle été reportée ? Annulée ? Et si l’agent

     

    de liaison a été arrêté ? Sous la torture, il va sûrement me

     

    donner et je n’aurai pas cette joie d’accomplir ma mission.

     

    Non, je dois la réussir, il le faut. Jusqu’à quand allais-

     

    je subir les exactions et les insultes des militaires français

     

    et des harkis sentant le mauvais vin ». Mohamed se

     

    retournait fébrilement derrière lui comme si son contact

     

    allait sûrement venir du village nègre. Il ne pouvait que

     

    venir de là, car au-delà de ce ghetto c’est la campagne

     

    avec son relief très accidenté qui mène directement à la

     

    forêt de Ghilès.

     

    Il était perdu dans ses réflexions lorsqu’une personne

     

    inconnue déposa à ses pieds une musette en marmonnant

     

    un mot convenu entre eux. C’était la personne tant

     

    attendue.

     

    Mohamed ramassa discrètement le sac. Il avait une

     

    demi-heure devant lui pour commettre l’attentat. Il remonta

     

    alors nonchalamment la pente jusqu’à sa masure

     

    et pénétra seul dans une sorte d’enclos à l’abri des regards.

     

    Il vérifia la grenade dite « 40 morceaux » et la mit

     

    au milieu d’un tas de sable emballé dans du papier kraft

     

    ressemblant à l’emballage d’un kilo de sucre et reprit son

     

    poste de guet. Said et Abdelkader sont arrivés à un

     

    point de non retour et attendaient maintenant avec

     

    patience leur proie en acier. L’attente commençait à devenir

     

    insoutenable. Elle ne devrait surtout pas se prolonger

     

    au-delà de dix-neuf heures car l’heure du couvre feu

     

    approche.

     

    Le premier tintement de cloche de l’horloge de l’église Sainte Anne des Cèdres annonça les dix-huit heures trente. Le

     

    film rétrospectif de tout ce que Mohamed avait enduré jusqu’à présent fut interrompu par le bruit soudain du moteur de

     

    l’half-track qu’on malmène et le grincement des chenilles qui secouèrent Mohamed comme le ferait une décharge électrique.

     

    Il dégoupilla l’engin de mort et bloqua le levier de déclenchement avec son pouce. Avec à son bord trois militaires

     

    et un tireur à la mitrailleuse 12/7, le véhicule arriva à sa hauteur. Comme un automate, Said, tremblant de tout son corps,

     

    s’avança comme un somnambule vers le char et lança la grenade qui tomba entre les militaires. Une formidable explosion

     

    se fit entendre et une fumée noire s’éleva de l’intérieur. Trois militaires, grièvement blessés, gisent sur le plancher du

     

    char. Le quatrième, quoique blessé, s’empara de la mitrailleuse 30 mm, la fait glisser sur les rails et tira une rafale à l’aveuglette.

     

    Le repli de Said fut empêché à la dernière seconde par deux harkis en tenue militaire qui dévalèrent la pente du

     

    village nègre.

     

    Il descendit alors en courant éperdument vers la mosquée Sidi Mohamed Ben Ahmed, son deuxième repli de rechange.

     

    Il devait escalader à droite de la mosquée unmonticule pour se retrouver en plein milieu du village nègre. Vers la liberté.

     

    Arrivé à la placette, il eut l’impression de buter contre un mur. Il s’arrêta net. Il commença à sentir les balles qui lui laçeraient

     

    le torse. Il eut la force de continuer sa course et au lieu de prendre le sentier vers le village nègre, il tourna à droite

     

    et tomba à genoux devant le magasin de chaussures de Menad, puis, délicatement, s’allongea sur le trottoir, le visage

     

    tourné vers la mosquée. Les yeux grands ouverts, vitreux. Les traits de son visage, un moment déformés par la douleur,

     

    se sont relâchés et ont été envahis par le repos éternel. Les balles de la mitrailleuse 30 ont eu largement raison de lui.Son

     

    compagnon, Abdelkader eut la chance de dévaler le Boulevard de Taza en rasant le mur. Il recut une balle qui lui perca

     

    la main. Il eut le temps de se réfugier dans l’écurie publique du boulevard.

     

    Ce dernier s’est vidé subitement et les hirondelles se sont enfuies emportant avec eux leurs crissements.

     

    Mais les hirondelles reviendront demain.

     

    « Le lendemain, nous devions récupérer le corps de mon frère. Le tricot de peau, acheté la veille par Mohamed, était criblé

     

    de balles. Il y avait au moins dix trous » Témoigne son frère Said

     

    .Par Mohamed Rachid YAHIAOUI


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    Théniet El-Had - 1961

    Mohamed Rachid YAHIAOUI Publié dans Liberté  le 15 - 07 - 2012


    Octobre 1961. 9 heures. La placette de la mosquée Cheikh Mohamed-Ben-Ahmed est éclairée par un soleil aux timides apparitions. Le ciel, ce matin-là, est clairsemé de nuages incohérents qui, effilochés par un vent automnal, laissent passer par intermittence des rayons de soleil têtus et opiniâtres, par moments pâles et incertains.
    Profitant de ce froid soleil, quelques bûcherons sont venus, tôt ce matin, proposer leurs fagots de bois exposés sur la placette. D'autres sont descendus tout simplement du "Village nègre" [1] fuyant leur taudis. Ils viennent réchauffer leurs membres engourdis par le froid, sous un tiède soleil endeuillé. La placette sert aussi de lieu de recrutement pour colons, qui trouvent une main-d'œuvre corvéable à merci.
    En attendant une hypothétique embauche journalière, les hommes et les enfants du Village nègre se dorent au soleil comme des iguanes. Ils descendent tous les jours à la placette pour oublier un peu l'incommodité de leurs gourbis et la énième nuit froide qu'ils viennent de passer sous l'unique "hanebel" [2] humide.
    11 heures. Deux chars et une automitrailleuse traversent la placette à toute berzingue, suivis par des GMC pleins de militaires. Les camions s'arrêtèrent brutalement devant l'entrée du village indigène. Un capitaine hurla des ordres qui seront répercutés par des sous-officiers. Les soldats commencent alors à envahir les ruelles boueuses dans un bruit cadencé de rangers et de cliquetis de culasses qu'on malmène.
    En empruntant la route des Cimetières, les blindés se sont positionnés en haut du village.
    Mystère
    Il est maintenant 13 heures, en ce début d'après-midi d'octobre 1961. Une foule aérée de curieux est éparpillée de part et d'autre de l'entrée du Village nègre, côté boulevard de Taza . Le quartier est bouclé par les militaires depuis 10 heures. On chuchote. On s'interroge du regard. Tous appréhendent un malheur. La peur pour la sécurité des leurs se lit sur tous les visages. Généralement, quand il y a une rafle, il n'y a pas autant de militaires qu'aujourd'hui. La rafle fonctionne comme un clapet de non-retour. Dès que les gens sont dedans, ils ne peuvent ressortir qu'après avoir été malmenés, pressés de questions qui sont accompagnées de coups de godasse et de gifles.
    Quelques informations hachurées, contradictoires, quelquefois sans fondement, biscornues, viennent quelque peu satisfaire la curiosité des uns et tranquilliser les autres. Mais, aujourd'hui, c'est le grand branle-bas de combat.
    13 heures. Soudain, des rafales de mitrailleuse 30 et 12/7 déchirent le silence, auxquelles répondent des rafales de Mat 49 et des tirs espacés de Masse 36. Le pot de fer contre le pot de terre. Les tirs de mitrailleuses s'arrêtent subitement. Seuls les staccatos des pistolets-mitrailleurs se font entendre par tirs sporadiques.
    Puis, une série d'explosions secouent les murs de terre des gourbis. Une épaisse fumée s'élève et enveloppe les masures avoisinantes. Un silence de cathédrale s'installe dans la foule des villageois.
    Une heure après, le quadrillage se desserre, deux chars descendent le boulevard de Taza . Sur l'un d'eux sont attachés trois cadavres en treillis. Ce sont des moudjahidine qu'on vient d'abattre au canon 120 mm.
    Flash-back
    Mohamed K.E.M. habite le Village nègre, quartier indigène où se disputent promiscuité, saleté des ruelles et maladies dans une repoussante précarité. C'est un enchevêtrement de gourbis faits de chaume et de tôle. Le quartier s'est dangereusement agrandi après l'opération de regroupement des populations rurales.
    Mohamed est un ancien combattant et un grand mutilé de la guerre d'Indochine. Sa maison, d'une relative habitabilité, construite sommairement en pierre et toit de tuiles romaines, est constituée de deux chambres, dont l'une fait office de cuisine et de salle de séjour. À son retour d'Indochine, Mohamed, croyant bénéficier de l'avantage que lui ouvre son statut d'ancien combattant, adresse plusieurs demandes pour bénéficier d'un logement à la cité musulmane qu'on vient d'inaugurer à la faveur du plan de Constantine . Mais, l'administration l'ignore superbement. Il est revenu chez lui en 1954, après la débâcle de Dien Bien Phu, avec un pied en moins. Ne mérite-il pas un minuscule deux-pièces ? Le 2e Bureau a-t-il des doutes sur le comportement de Mohamed ? Donc, par dépit pour ce mépris et cette indifférence, Mohamed entre de plain-pied dans l'OCFLN, en devenant collecteur d'effets vestimentaires, de cotisations et de médicaments. Son frère Ahmed n'hésite pas une seconde pour franchir allègrement la barrière et se retrouve un beau jour dans le camp ennemi, au sein de la section SAS de Théniet El-Had. Ahmed, suppôt de l'armée française, habite avec sa femme à la cité musulmane.
    À l'insu d'Ahmed, qui vient régulièrement rendre visite à sa mère, la maison de Mohamed est devenue un refuge pour les moudjahidine de passage. Une sorte de relais où ces derniers peuvent trouver gîte et couvert.
    Au début du mois d'octobre 1961, Ahmed bénéficie d'une permission qu'il s'apprête à passer auprès de sa mère, au Village nègre. Sans crier gare, il pénétre en cet après-midi du 6 Octobre, à 08 heures, dans la cour de la maison, créant la surprise générale. En le voyant, le sang de sa mère ne fait qu'un tour, car quatre moudjahidine sont chez elle depuis quatre jours.
    Une peur bleue s'empare de la pauvre femme, car craignant le pire pour son autre fils.
    "Il ne faut pas rester une minute de plus. Il faut que tu partes. Nous avons des invités." Pressée de questions par son fils, la mère n'a d'autre choix que de dévoiler l'identité des quatre invités.
    Toute tremblante, elle prie son fils de garder le silence.
    - Il y va de notre sécurité, lui dit-elle.
    Entre temps, un des maquisards [3] s'impatiente et ne tient plus en place. Il supplie ses camarades de partir. "Nous avons trop abusé de la bonté de la femme et de Mohamed. Nous pouvons leur attirer des ennuis si nous restons encore longtemps", leur dit Si Lorabi.
    Devant la ferme décision de ses camarades de rester encore une journée, Si Lorabi prend la décision de les devancer. Il rassemble ses affaires et sort par une petite porte donnant accès directement au cimetière de Si Bendjelloul et, de là, il doit regagner le secteur de Ghilès.
    Les quatre maquisards sont arrivés quatre jours auparavant dans un état des plus lamentables. Les yeux hagards, luisants, laissant trahir un ventre creux, les visages envahis par des barbes de forçat. Ce sont des loques humaines. Au bout de trois jours, leur physionomie s'est radicalement transformée. Le visage bien rasé, les habits propres, ils s'apprêtent à prendre le départ pour Ghilès, mais le destin en a voulu autrement.
    Ahmed va directement aviser la gendarmerie de la présence de "rebelles" chez son frère.
    "Ils ont menacé de leurs armes mon frère et ma mère. Ils sont leurs otages", ment Ahmed dans l'intention de sauver les siens.
    À l'intérieur, les trois responsables de secteur, Mohamed Doghmane, commissaire politique, Djillali Lamartine, responsable des renseignements et liaisons et Abdelkader Chikhoune, responsable des renseignements du secteur de Ghilès, sont en train de trier des documents, de compter l'argent qu'ils doivent remettre au chef de secteur de Ghilès, quand soudain un tremblement de terre secoue le quartier. C'est le vrombissement de deux chars, munis chacun d'un canon de 120 mm et d'une automitrailleuse. Un haut-parleur intime l'ordre aux "rebelles" de libérer les otages et de sortir les mains sur la tête.
    Sentant la fin qui arrive, les trois compagnons commencent à brûler les documents et les billets de banque qu'ils ont sur eux.
    Maintenant qu'ils se savent perdus, ils s'entrelacent et s'embrassent. À l'unisson, ils récitent la profession de foi. L'un d'eux crie un galvanisant "Allah Ouakbar" qui fait trembler les murs. Ils sortent dans la cour et commencent à tirer sur les soldats jusqu'à épuisement des munitions.
    Voyant qu'il ne peut les avoir vivants, le capitaine donne des ordres aux chars de tirer simultanément des obus, faisant voler en éclats la masure avec leurs occupants. Même détruite, la maison fait peur aux soldats, qui avancent avec mille précautions vers le tas de gravâts fumants.
    On retire les corps disloqués, ensanglantés des moudjahidine, sous les regards médusés de vieilles femmes agglutinées tout au long du trajet que doit emprunter le char chargé de son trophée macabre. Les cadavres sont exhibés à travers toutes les ruelles. Ils seront par la suite enterrés dans une fosse commune au cimetière Sidi-Ahmed-Bendjelloul.
    Ce jour-là, le Village nègre signe d'une énième signature le livre d'or de la Révolution.
    (*) M.-R. Y.
    Fils de chahid, retraité
    [1] Bidonville en amont de la ville constitué
    de taudis où habitent les indigènes
    [2] Epaisse couverture faite à l'aide
    de métier à tisser.
    [3] Il s'agit de Lorabi "Chinoui"

     


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